Les bienfaits procurés par l’animal sur l’homme ne sont plus à prouver. C’est la raison pour laquelle chats, chiens et autres animaux sont de plus en plus utilisés en zoothérapie et médiation animale. Mais à quel prix ? Alice Mignot, psychologue et éthologue, nous donne son avis sur la question.
Petit-à-petit, les animaux se font une place aux côtés de l’être humain dans diverses institutions : hôpitaux, maisons de retraite, centres spécialisés, prisons, fermes thérapeutiques, etc. Cela peut être perçu comme une bonne nouvelle, annonciatrice d’une meilleure intégration de l’animal dans la société : puisqu’il nous fait du bien, faisons-lui une place à nos côtés dans des lieux où il n’était, jusque-là, pas le bienvenu.
Cependant, le développement de la médiation animale et de la zoothérapie a aussi sa part d’ombre : « En France, l’animal médiateur n’est pas suffisamment considéré comme un sujet, mais plutôt comme un outil, un objet de spectacle », explique Alice Mignot, diplômée de psychologie et d’éthologie. « Au lieu d’être acteur, l’animal est mis de côté, il n’est qu’un accompagnateur, ce qui laisse finalement peu de place aux interactions spontanées », poursuit-elle.
L’état émotionnel de l’animal médiateur n’est pas assez pris en compte
Le problème principal que soulève Alice Mignot est lié à un défaut de prise en compte de l’état émotionnel de l’animal médiateur. « Il y a peu de recherche sur ce que l’animal médiateur ressent, pourtant il me paraît indispensable de veiller à son bien-être physique et mental ».
En effet, un chien intervenant en zoothérapie ou médiation animale peut souffrir de stress, et cela peut avoir des conséquences à long terme. « Certains animaux ne sont pas faits pour ça, ils n’aiment pas être manipulés ou passer des heures au sein d’un groupe de personnes… C’est très fatigant pour eux ! », affirme Alice Mignot. Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce que la zoothérapie et la médiation animale font du bien à l’humain que cela doit se faire au détriment de l’animal ».
Il faut donner un cadre à la filière
Alors quelles solutions ? Pour la professionnelle, il serait nécessaire d’imposer un cadre – actuellement inexistant – à la filière de la médiation animale. « Aujourd’hui, n’importe qui peut se lancer dans la médiation animale et faire n’importe quoi. Il faut une formation reconnue par l’Etat », réclame-t-elle. Alice Mignot souhaiterait également que la formation dissocie bien la médiation animale (activité généralement conduite par des animateurs bénévoles) de la zoothérapie (thérapie assistée par l’animal, à but médical).
Elle suggère également une mutation de la sélection des chiens médiateurs : « au lieu de prendre des chiens d’élevage, on pourrait plutôt choisir des chiens de refuge aptes à ces missions. Cela leur permettrait d’être adoptés et de recevoir toute l’attention qu’ils attendent ».
Alice Mignot l’affirme : « les bienfaits procurés à l’humain par l’animal sont nombreux : diminution du stress, sociabilité, etc. Si la médiation animale et la zoothérapie sont bien réalisées, c’est bénéfique pour tout le monde ». Mais alors que ces filières sont en plein développement, tout reste encore à construire pour que l’animal et l’homme s’accompagnent mutuellement dans le respect de chacun.
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